Union City Blue de Blondie

Union City Blue de Blondie

3 juin 2023 0 Par Olivier - Ride Your Life
Temps de lecture estimé : 7 minutes
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En 1979, le groupe Blondie propose l’album « Eat to the Beat », dont sont notamment extraits « Dreaming » et « Atomic ». En marge de ces deux immenses succès, il y a un autre titre – très peu diffusé en France (je ne l’ai jamais entendu à la radio ; il faut dire que l’imagination des programmateurs radio me laisse parfois pantois) – qui mérite pourtant l’attention : « Union City Blue ».

Eh bien c’est formidable, parce que c’est le sujet principal de cet article.

Allez, je t’embarque dans le New-Jersey, à quelques pas de New-York et de son état, qui est par ailleurs un état proche de l’Ohio (mais ça, c’est une autre chanson).


SOMMAIRE :

1- La chanson

2- De quoi qu’ça cause ?
De textile !

3- La ville de Union City
Sans le « blue ».

4- Cover
Par un groupe bien sympathique…

5- Bonus tracks

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1- La chanson « Union City Blue » de Blondie


– Source : Youtube | Blondie / Union City Blue –

Il y a quelque chose d’hypnotisant dans cette chanson. Je ne vois pas d’autre mot. Enfin si, mais celui-là, il traduit ce qu’elle provoque en moi.

D’abord, il y a Debbie (avec toute la panoplie qui la qualifie : énergique, brillante, charmante, aimante etc.) ET Clem Burke. Son travail à la batterie m’a toujours fasciné. Dans ce morceau, il est particulièrement velu.


Born (mais pas singlesé) in the USA

L’album « Eat to the Beat » a été principalement enregistré dans des studios US (ce qui, j’en conviens, n’est pas ultra étonnant de la part d’un groupe états-unien), mais curieusement, le titre « Union City Blue » n’a pas fait l’objet d’une sortie sous forme de single aux USA, alors que cela a été le cas en Grande-Bretagne, avec un très joli succès à la clef.

Clem Burke – très impliqué dans ce morceau, dont il dit souvent que c’est celui qu’il préfère jouer en concert – l’a déploré, estimant que le single aurait très bien fonctionné aux USA.

Les maisons de disques ont des raisons que la raison ignore, parfois.


Le clip vidéo

Réalisé par David Mallet (nous lui devons de très nombreux clips, notamment pour Queen – dont « Bicycle Race », qui fait battre mon cœur de poète à chaque visionnage – AC/DC et David Bowie – ouais, que des noobs), ce clip a été tourné non pas à Union City (oh, les bluoules !) mais à Weehawken, qui se trouve tout de même sur la baie de l’Hudson. Sur l’autre rive.

De toute façon, cette chanson, c’est une histoire de rive(alité).


2- De quoi qu’ça cause ?


Le dilemme de Debbie

Dans sa narration, Debbie explique qu’elle a un chéri – « my Union City Man » – et que pour aller le voir, elle doit prendre le tunnel (le Lincoln Tunnel, à priori) qui relie New-York à Union City.

On peut donc comprendre que Debbie vit à New-York, y mène une vie trépidante (c’est pas faux…), comme tout bon new-yorkais, et qu’à la manière d’un Mick Jagger qui va rejoindre sa maîtresse dans « Fool to Cry » (quand il chante « You know, I got a woman / And she lives in the poor part of town / And I go see her sometimes / And we make love, so fine »), elle franchit l’Hudson River pour aller retrouver son chéri.

Alors Union City n’est pas nécessairement la banlieue pauvre de New-York, mais c’est la banlieue, et comme souvent dans les très grandes villes, tu considères tous ceux qui vivent en-dehors comme une bande de péquenots. Si si, c’est comme ça.

Le dilemme qu’elle raconte se retrouve notamment dans ces lignes :

« Oh power, passion plays a double hand » (que je ne traduis pas littéralement, mais interprète plutôt comme « entre la puissance [supposée de New-York] et la passion [pour son chéri], mon cœur balance »…

puis :

« Oh, oh, what are we gonna do? » / « Mais qu’allons-nous faire ? »

Le dilemme n’est pas extrême au point d’être cornélien, mais il n’en demeure pas moins un dilemme : choisir entre une vie professionnelle supposément riche et une passion amoureuse.

Le choix ne semble pas tranché, puisque la phrase « Oh, oh, what are we gonna do? » revient jusqu’à la fin de la chanson.


Un horizon, un espoir

Entretemps, il y a ces passages que je trouve magnifiques, dont celui-ci, au sein du premier couplet :

« Tunnel to the other side
It becomes daylight
I say he’s mine
»

« Le tunnel vers l’autre rive
La lumière du jour apparaît
Je dis « il est à moi »
»

La lumière qui apparaît de l’autre côté du tunnel, j’avoue que c’est une très belle métaphore relative à la joie que procure le fait de retrouver l’être aimé, après avoir dû faire un effort ou se déplacer pour y parvenir.

et puis également celui-ci (et c’est là que nous trouvons l’horizon) :

« Arrive, climb up four flights
To the orange side
Rearrange my mind
In turquoise Union, Union, Union City blue
Skyline, passion, Union City blue
»

« J’arrive, je monte quatre étages
Vers le côté orange
Je réorganise mon esprit
Couleur turquoise, bleu Union City
Horizon, passion, bleu Union City
»

Eh oui, bien avant « Orange is the new black », il y a eu le « Blue is the new orange ».

Vêtue d’une combinaison orange dans la vidéo – la couleur symbolisant l’énergie et le mouvement frénétique (de New-York), Debbie chante et rechante à tue-tête le bleu de l’horizon, de l’ouverture de l’esprit.

Poétiquement parlant, je trouve cela très joli, surtout le « Rearrange my mind / In turquoise Union », basculant de la raison orange vers l’émotion bleue.

Et puis cet horizon, il se retrouve des deux points de vue : depuis New-York, c’est Union City l’horizon, et vice-versa. Mais Union City, c’est le blue, tu comprends 🙂


Pour résumer, « Union City Blue », derrière un air de power ballad, c’est une chanson riche de contenu émotionnel, qui pose une vraie question : le dilemme entre vie professionnelle trépidante et vie amoureuse rafraichissante. Sans apporter la réponse, qu’il nous appartient de trouver.


3- La ville de Union City, New-Jersey


Il faut bien préciser « Union City dans le New-Jersey », car comme c’est souvent le cas aux USA, plusieurs villes portent le même nom (oui, cela arrive également en France).

J’te dis ça au cas où tu voudrais t’y rendre, histoire que tu n’arrives pas en Californie, par exemple.

Allez, explication concernant la blaguounette du sommaire (De quoi qu’ça cause ? De textile) : Union City est une ville qui s’est fortement développée au travers de l’industrie de la broderie.


Particularités & Personnalités

Si sa population d’environ 66 000 âmes la ramène à la taille d’un de nos village de campagne par rapport aux mégalopoles états-uniennes, Union City présente la particularité d’être la ville la plus densément peuplée des USA.

Ladite population est assez cosmopolite (tu me diras, celle de NY aussi, mais là nous causons d’Union City), avec notamment de nombreux hispaniques – principalement Cubains, attirés par l’industrie textile (ne va pas croire que je pose un cliché, c’est ce qui est écrit sur Wikipedia). Cela lui a même valu le surnom de « Little Havana on the Hudson », et fait de Union City la seconde ville des USA la plus peuplée par des Cubains derrière… Miami (va savoir si, dans la chanson, le chéri fictif de Debbie n’est pas Cubain).

Au niveau des personnalités issues de la ville, la très grande majorité sont très peu connues de notre côté de l’Atlantique. Mais il y en a une qui a marqué l’histoire : Otto Messmer, le créateur de Felix the Cat, AKA Félix le Chat (avé un accent) en Français.

Quand je te dis qu’il a marqué l’histoire, je n’exagère pas : sans Félix le Chat, pas de Pif le chien – son créateur, José Cabrero Arnal, a été fortement influencé par le personnage créé par Otto.
Et sans Pif le chien, pas de magazine Pif Gadget, devenu Pif (tout court, mais il y a encore des gadgets / goodies), et sans ce magazine, pas d’interview décalée de not’ président.

Quand tu sais que l’actuel directeur de la publication de ce magazine est un ancien ministre (devenu adhérent du parti de l’actuel président) d’un précédent président répondant au prénom de Nicolas, et que ledit ex-ministre est un fervent partisan du libéralisme (sacré camouflet vis-à-vis de l’histoire du magazine, ex-organe de presse jeunesse du PCF), dire que tout cela est un panier de crabes (y en a dans l’Hudson, j’ai vérifié) visant à endoctriner notre jeunesse est un pas que je ne franchirai pas.

Truc de ouf, tout de même…


Debbie et Union City

Qu’est-ce qui a amené la belle Debbie à écrire une chanson sur cette ville ?

En premier lieu, avant d’être une chanteuse à succès qui a fait battre les cœurs de tous les adolescents de ma génération, Debbie – native de Miami puis ayant grandi dans le New-Jersey – a notamment exercé l’activité de go-go danseuse dans cette ville.

Mais alors Debbie, t’as vraiment un truc avec les Cubains ?

Ultérieurement, elle a joué dans le film « Union City » de Marcus Reichert, sorti dans les salles en 1980.
Elle a indiqué avoir écrit le texte de la chanson pendant le tournage du film, à l’occasion d’une nuit de pause.


4- Cover de « Union City Blue » par The Railway Children


– Source : Youtube | The Railway Children / Union City Blue (live cover de Blondie) –

Je ne vais pas te raconter d’histoires, je n’ai pas trouvé des masses de covers de cette chanson sur Youtube et ne me suis donc pas arraché les cheveux afin d’en choisir un.
Pour autant, j’ai accroché immédiatement avec celui-ci. J’ignorais tout de ce groupe, et c’est une belle surprise.

J’y retrouve en grande partie l’énergie de l’original de Blondie.
Alors certes, il n’y a pas la voix envoutante de Debbie, il n’y a pas la créativité sensationnelle de Clem Burke à la batterie, mais franchement : good game.


Si tu veux en savoir plus sur The Railway Children, tu peux consulter l’article Wikipedia qui lui est consacré en cliquant ici >>


5- Bonus tracks


Parce que je les trouve toutes deux excellentes, et que l’une d’entre elles a été été évoquées plus haut.
Y a plus qu’à savourer, c’est prêt à déguster.


« Fool to Cry » de The Rolling Stone

– Source : Youtube | The Rolling Stones / Fool To Cry –

« Ricken » de Laurent Voulzy

– Source : Youtube | Laurent Voulzy / Ricken –

Le rapport ? L’Hudson, cité dans la chanson :

« Au flic qui sonne / Faut retrouver ma Ricken / Là tu déconnes qu’il dit / Autant de voleurs dans le Bronx / Que de bactéries dans l’Hudson »


Voilà, nous avons fait le tour d’un titre super mais sans plomb.

Côté sampling musical, par contre, nous retrouverons Supertramp très bientôt avec le magistral « Fool’s Overture ».


Bisous mes chéris 🙂

Olivier


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CRÉDITS | SOURCES | MISES À JOUR :

Crédits :

Illustration principale : galerie de photos du site officiel de la ville de Union City – New-Jersey
Musique et vidéo : Youtube et les ayants droit
Les sociétés, personnages et marques cités demeurent l’entière propriété de leurs détenteurs respectifs

Auteurs-compositeurs de « Union City Blue » : Debbie Harry & Nigel Harrison


Sources documentaires :

Wikipedia
Site officiel de la ville de Union City – New-Jersey


Notes rédactionnelles & mises à jour :


AUTEUR(S) DE L’ARTICLE :

Olivier - Ride Your Life
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