Scatman de Scatman John

Scatman de Scatman John

13 juin 2023 0 Par Olivier - Ride Your Life
Temps de lecture estimé : 6 minutes
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En 1994, John Paul LarkinScatman John, de son nom de scène, sort un single sobrement nommé « Scatman » (sous-titré « ski-ba-bop-ba-dop-bop »).

C’est un véritable phénomène, un ras-de-marée : le disque est numéro 1 dans une dizaine de pays, et obtient presque autant de podiums dans les charts mondiaux.
En bonus : la chanson délivre un véritable message positif.


SOMMAIRE :

1- La chanson

2- De quoi qu’ça cause ?
De handicap, de bégaiement, de confiance en soi…

3- L’artiste

4- Héritage

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1- La chanson « Scatman »


– Source : Youtube | Scatman John / Scatman (ski-ba-bop-ba-dop-bop) –


2- De quoi qu’ça cause ?


Globalement, le texte établit un parallèle entre le scat et le bégaiement et délivre un message appelant à avoir confiance en soi.

Je suis généralement prudent concernant le côté « message » d’une chanson (ou de toute autre œuvre), mais là, c’est déterminant (et nous en causerons plus en détails au sein du chapitre 3).

La chanson est un genre de coming-out sur le bégaiement : « je suis bègue et je scatte. Où est le problème ? D’ailleurs, le bégaiement et le scat, c’est la même chose, en fin de compte ».

Derrière cette chanson phénomène et un côté pour ainsi dire comique, John présente ainsi l’un des grands combats de sa vie : la lutte contre un handicap qui a fait de lui un petit garçon persécuté, et un adulte complexé. Parce qu’être différent, forcément, c’est source de commentaires et autres moqueries, et nuit fortement à la confiance en soi. Jusqu’au jour où tu te dis « fuck off la moquerie, je suis comme je suis ».
C’est simple sur le papier, mais pas toujours évident à appliquer.

Il délivre également un message fort relatif à la confiance en soi, en premier lieu à l’attention des bègues, et également – en fait – à l’attention de toute personne manquant de confiance en elle, que ce soit pour une cause liée à un handicap ou à autre chose (d’où le « Tout le monde bégaie d’une manière ou d’une autre ») :

« Everybody stutters one way or the other
So check out my message to you
As a matter of fact, don’t let nothin’ hold you back
If the Scatman can do it, brother, so can you
»

« Tout le monde bégaie d’une manière ou d’une autre
Alors regarde mon message pour toi
En vérité, ne laisse rien te retenir
Si le Scatman peut le faire, mon frère, toi aussi
»

Le texte de la chanson est composé de couplets classiques, entrecoupés par des vocalises propres au scat (ou vice-versa, c’est toi qui vois). En même temps, c’est du scat, alors voilà, hein…

Tu peux consulter l’intégralité du texte de la chanson en cliquant ici >>


Intéressons-nous maintenant au bonhomme super attachant qui se trouve derrière ce pseudo – à savoir John « Scatman » Larkin. Il le mérite largement.


3- Scatman John : l’homme et l’artiste


Né à El Monte (Californie) en 1942, John souffre depuis la petite enfance de bégaiement, dans une forme sévère.
Tu sais comment ça se passe, les enfants sont (presque) tous très mignons en photo, mais en version animée, ils peuvent être parfois cruels.

Il subit donc durant toute son enfance diverses moqueries, doit parfois se castagner, car il a beau tenter d’oublier ces moqueries, il est du genre tenace et un brin rancunier (on le serait à moins), et sa rage explose parfois.


Un galérien du jazz

John a officié comme pianiste de jazz des décennies durant, écumant les piano-bars – notamment californiens – en attendant de trouver une maison de disques qui accepte de publier ses compositions.
Véritable survivant, qui a eu sa traversée du désert durant les années 1970, avec sa période d’addiction (alcool et stupéfiants), dont il parviendra à sortir en 1987 ; en outre, il est bègue, comme évoqué plus haut.
Pas facile pour percer dans la chanson.


I shall never surrender

John, c’est un genre de Winston Churchill (qui était, parait-il, également bègue, comme ce fut le cas – et le sera encore – pour de nombreuses personnalités parfois très connue) du jazz : il n’a jamais renoncé, ne s’est jamais rendu face à l’adversité.

C’est donc en 1994 qu’il a l’idée géniale de sortir un titre de scat sauce électro, sachant qu’il s’adonne assez régulièrement à ce genre particulier (le scat nature, donc, pas la version avec sauce).


Le Scat

Parfois présenté (par de mauvais coucheurs) comme un genre de seconde zone, alors que plusieurs des plus grands noms du jazz s’y sont prêtés (Dizzie Gillespie, Ella Fitzgerald, Duke Ellington, Louis Armstrong ou encore l’incroyable Sarah Vaughan, véritable star du jazz, malheureusement bien moins connue que les Ella, Nina ou Billie…), le scat, c’est une forme de chant permettant aux artistes du genre d’adopter la même liberté que les instrumentistes : l’improvisation.

Si le scat n’est pas forcément le genre de prédilection de John, il lui permet de surpasser son handicap et d’en faire une force, démontrant une habilité vocale phénoménale.

À ce sujet (surpasser son handicap), ce passage de la chanson (à la fois pertinent et drôle) est explicite :

« But what you don’t know, I’m gonna tell you right now
That the stutter and the scat is the same thing
»

« Mais ce que vous ne savez pas, je vais vous le dire maintenant
C’est que le bégaiement et le scat, c’est la même chose
»

En entendant cette chanson et l’incroyable débit de John, beaucoup de gens pensaient qu’il s’agissait d’un traitement audio issu d’un ingénieur du son (à l’instar de la technique d’accélération modérée qui permet de rendre une voix plus aiguë). Comme le démontrent nombre de lives, il n’en est rien : John était un prodige, voilà tout.

Tube mondial colossal, son titre « Scatman » l’emmènera sur les plateaux de tous les continents.


Engagement auprès de la NSA

Précision : non, John n’était pas agent de la National Security Agency (enfin cela n’est pas précisé dans sa biographie)…
Il s’agit dans le cas présent d’une autre NSA : la National Stuttering Association (Association Nationale des Bègues aux USA).

Dans le cadre d’un discours prononcé à l’occasion de la Convention « National Stuttering Project » de 1995, il déclarait devant un parterre de bègues : « Now all of a sudden I’m a pop star. Wait till they find out who I really am » (« Soudainement, je suis désormais une popstar. Attendez qu’ils découvrent qui je suis réellement »).
Les difficiles années de son enfance lui ont appris à assumer, à ne plus avoir honte de ce handicap qui lui est tombé dessus (comme tout handicap, certes) et à le surpasser au travers de la chanson.

Artiste humble et affable s’il en est, John meurt prématurément en 1999, à l’âge de 57 ans.
L’année suivante, il est intronisé au Hall of Fame de la NSA pour « avoir fait preuve d’un engagement infaillible au fil du temps envers la NSA et envers la communauté des bègues dans son ensemble ».


4- L’héritage de Scatman John


Nous n’allons pas parler ici de gros sous ou de patrimoine immobilier, mais bien de l’héritage artistique de la chanson « Scatman ».

S’il s’agit d’un OVNI musical, c’est principalement en raison du débit verbal vertigineux de John à l’occasion de cette chanson.


Que reste-t-il de cette pratique dans le domaine de la musique ?

Ce n’est pas du côté du scat qu’il faut regarder, mais plutôt du côté du rap.

Alors oui, je sais, le simple mot « rap » provoque tantôt de l’urticaire chez certains, de la dévotion assez opportuniste chez les bobos. Mais il s’agit également d’un genre musical extrêmement riche, et même polymorphe.

Quand tu pars de ce que proposaient les précurseurs (le rap issu – notamment – de la funk, de la soul etc.) à ce qui est proposé aujourd’hui, et à tout ce qui a été produit depuis 50 ans, tu t’aperçois qu’il n’y a pas « le rap », mais de nombreux sous-genres.

Les étiquettes (musicales et autres), d’une manière générale, je m’en fous. Je ne peux pas dire « j’apprécie le rap », pas plus que « j’apprécie le rock ». J’apprécie la musique et l’émotion qu’elle véhicule.

Fin’ bref, ceci n’étant pas un article centré sur le thème du rap, je viens au cœur du sujet : ce sont très essentiellement des rappeurs qui ont repris ce débit de paroles très rapides.

Le premier souvenir que j’ai à ce sujet, c’est Busta Rhymes. Quelques artistes lui ont emboîté le pas depuis.
Plus proche de nous – et encore en pleine activité – Eminem s’est également régulièrement adonné à cet exercice, dont le point culminant est son titre « Godzilla ». Sa performance a donné au Rap God l’idée du « Godzilla Chalenge » (cf. vidéo d’annonce sur Youtube), lancé en 2020. L’idée est de proposer à des fans de reproduire sa performance et de poster leurs vidéos sur ses comptes sociaux. Il salue volontiers les lauréats

Affirmer que tout cela est directement liée à la performance de John est peut-être osé, mais en effectuant pas mal de recherches sur le sujet (y compris via notre pigiste stagiaire), il est le premier à avoir proposé une telle performance dans le cadre d’un tube planétaire. Donc j’ose 🙂


La chanson « Scatman » a été une fois encore remise au goût du jour via une publicité actuellement diffusé à la télévision, et j’ai tenu à proposer cet article parce qu’à chaque fois que j’écoute « Scatman », ça me donne la pêche.

J’ai mis longtemps à m’intéresser à la signification de ce texte, et le faire m’a finalement permis de comprendre pourquoi – outre une musique pour le moins entrainante – cette chanson transmet quelque chose de tellement positif.

RIP John.


Bisous mes chéris 🙂

Olivier


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Sources documentaires :

Wikipedia
https://web.mnsu.edu/comdis/kuster/famous/irascat.html


Notes rédactionnelles & mises à jour :


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