L’Aventure, c’est l’Aventure
2 septembre 2019Oui ! L’Aventure c’est l’Aventure !
Et la voiture, c’est la voiture…
Coucou mes Loulous;
Souvenirs, souvenirs, du temps où pour avoir simplement parcouru 450 kms sur ma Bucéphale, je me prenais pour un genre de Phileas Fogg, voire pour Alexandre le Grand.
J’étais jeune, je venais d’avoir 18 ans.
Je venais – presque – d’avoir 18 ans, j’étais beau comme un enfant et fort comme un palmipède…
2- Le contexte
4- On the Road
6- Ce qu’il me reste de cette aventure
7- Bonus tracks
1- De l’Aventure
Non, je n’ai pas assisté en direct à une Aurore Boréale, pas plus que je n’ai sillonné l’Afrique en solex, ni gravit le K2 en short & tongs.
Rien d’aussi exotique et/ou héroïque.
Mais nos vies à tous comportent leur lot d’aventure(s).
La vie est une aventure.
J’ai trouvé une très jolie citation de Milan Kundera au sein de l’article Wikipedia relatif au mot Aventure :
« exploration passionnée de l’inconnu »
– Source : Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Aventure –
Celle que je vais vous conter peut sensiblement répondre à cette définition.
Père Ridor, raconte-nous une histoire…
Je revêts mon costume de Père Ridor, le Père Castor de Ride Your Life, afin de vous conter aujourd’hui un périple épique :
Bois d’Arcy (dans les Yvelines) / Les Sables d’Olonne (en Vendée) au guidon d’une 125 KTM™ Enduro.
Soit – d’après Mappy – environ 450 bornes si l’on ne prend pas l’autoroute.
Et les bornes, je ne le savais pas encore, j’allais en voir.
Séquence souvenir… parce que c’était il y a 33 ans.
2- Le contexte de ce road-trip
La moto :
Que dis-je, ma monture, mon fier destrier.
J’avais acheté une 125 KTM Enduro – d’occasion, non pas parce que je me sentais l’âme ni ne possédais les qualités d’un véritable enduriste, mais plutôt parce que je voulais une 125 qui déboîte.
Autant vous dire que j’ai été servi ; parce qu’elle envoyait sévère, pour une 125. Sa puissance était libre – 31 ch, de mémoire – car les bizarreries de la législation m’autorisaient à conduire ce type de machine avec mon permis motobylette.
Ma 125 KTM GS LC (ou presque)
« Presque » parce que je n’ai hélas pas conservé de photo de ce fringuant destrier…
Donc ça n’est pas une photo de la mienne, mais elle lui ressemblait bigrement.
Un grand merci au passage à Laurent, du forum KTM Addict, qui m’a autorisé à utiliser cette photographie, la plus fidèle selon ma mémoire, donc (ok, et aussi selon celle de mon frérot Gilles…).
Plus précisément, la photo est extraite de ce topic :
https://www.ktmaddict.fr/viewtopic.php?id=4143
L’époque :
C’était en juillet 1986.
Par un heureux malentendu, je venais d’obtenir mon baccalauréat (ça pète, écrit ainsi) série B avec mention « t’as eu du cul ».
J’ai en effet bénéficié d’un retour sur investissement tout à fait favorable.
Parce que si « sometimes, shit happens », ben sometimes, shit doesn’t happen, et là, merci la vie.
Bac en poche, j’étais prêt pour l’aventure de la vie. C’était certain.
Mes parents venaient de vendre notre appartement situé à Bailly, et j’avais donc habité quelques jours chez mon frère aîné et sa femme – l’une de mes sœurettes, donc – que j’embrasse tout les deux au passage, et qui m’avaient très gentiment accueilli dans leur appartement à Bois d’Arcy ; et Sylvie, je te présente de nouveau mes excuses pour m’être comporté comme un glandeur en te laissant de la vaisselle.
Je me sentais en effet être le roi du monde ; un brin arrogant, très auto-satisfait, et afin de ne pas donner que dans l’auto-flagellation : tout simplement heureux.
Je venais – presque – d’avoir 18 ans, j’étais beau comme un enfant et fort comme un palmipède.
Triplement heureux, qui plus est, car outre ce sésame obtenu, j’avais 3 mois de vacances qui se présentaient devant moi, et j’avais la chance que mes parents (merci Papa & Maman) aient acquis une très jolie maison au Château-d’Olonne, commune appartenant à la communauté de communes des Olonnes.
Et de plus, ils m’avaient donné un tas de biftons comme je n’en avais jamais vu (un pari est un pari, même si je n’étais pas un cheval de course sur lequel on aurait misé :p).
Encore fallait-il s’y rendre.
Et c’est là que l’aventure commence.
Un truc de ouf.
3- Une préparation presque méthodique
(oui, encore « presque »…)
D’une rigueur à faire blêmir…
Je n’avais par encore dû faire de trajet de plus de 20 kilomètres en moto à cette époque, et je n’allais que dans des lieux que je connaissais bien.
Parce que j’y étais allé :p
J’avais tout de même une vague idée que je devais aller vers l’ouest. Sans pour autant être totalement à l’ouest.
Au niveau de l’équipement, je dois bien avouer qu’avec du recul, je vivais dangereusement : un (très bon, par contre) casque Techno, une paire de gants pour le tout-terrain, des chaussures pas du tout adaptées et un blouson tissé en peau de zob de puce. Et un jean. Ça, c’était un moindre mal. Je continue d’ailleurs à rouler en jean.
J’ignorais quasiment tout de la sécurité du pilote, comme beaucoup de motards d’hier et d’aujourd’hui.
Côté logistique, là j’étais béton : un sac à dos avec un bidon d’huile de synthèse, un doseur – mélange oblige – et un couteau automatique dit « cran d’arrêt » ; ça c’était pour le côté bad-boy, et dans l’ignorance totale de la législation. Et très certainement quelques outils, parce que je me souviens fort bien en avoir eu besoin.
Et sans doute 200 francs en poche ; une fortune à l’époque. 3 places de cinéma de nos jours.
Pour finir, une carte routière. Pas de GPS à l’époque, et le trajet – forcément – je l’avais jusqu’alors effectué en voiture ; à la place du passager.
Un équipement à la pointe de la technologie de l’époque.
Plein du réservoir fait, of course
J’étais prêt.
Yavaipluka.
4- On the Road (mais pas en gaine)
La route nationale 10 allait être ma compagne durant de longs kilomètres.
Elle, je la connaissais. Sur 20 bornes environ, parce que j’étais allé passer mes épreuves du bac à Maurepas, au guidon de mon fringuant destrier mécanique. Trop la classe, sans déconner.
Forcément, après, je rentrais en zone d’aventure. Rapport à cause ke je rentrais en terre inconnue.
Ça allait se compliquer. Ou pas.
Interlude musical :
Bernard Lavilliers – On the Road Again :
Parce que je trouve que cette chanson est sublime, et que je trouve que Bernard Lavilliers est un très grand artiste ; le musicien et le poète.
Et puis également parce que si je n’étais pas large d’épaules à cette époque, ni un bandit, j’étais joyeux, insolent et drôle, par contre.
Sur la Route :
Là, ça se complique. Pas au niveau des péripéties – parce que si je vais bien vous en conter une, elle est mineure.
J’écris cela plutôt parce que je n’ai pas de souvenirs ultra-précis de tout l’itinéraire, je dois bien l’avouer.
Je me souviens par contre de certaines sensations.
Tout d’abord, oui, je vivais une aventure.
Seul sur ma moto pas vraiment adaptée à la route pour de longs trajets (mais homologuée et assurée, hein), à parcourir les routes de notre très beau pays ; je découvrais une autre manière de voyager : par moi-même, enfin livré à ma capacité à lire une carte routière et les panneaux de signalisation.
Je n’ai aucun souvenir de plantage majeur au niveau de l’itinéraire ; ni même de plantage mineur, d’ailleurs.
Comme quoi, j’avais bien eu raison d’aller à l’école (même si à cette époque, j’en étais quasiment phobique).
Je sais par contre que j’ai dû ravitailler environ tous les 100 kilomètres, et que j’étais bien content d’avoir songé à mon bidon d’huile de synthèse et à mon doseur.
J’ai toutefois le souvenir assez précis d’un pépin mineur que – tel un Mac-Gyver de la moto – j’allais affronter avec un courage et une créativité totalement stupéfiants.
Plus d’embrayage…
Pour être précis : rupture du câble d’embrayage.
Parce que si ça avait été l’embrayage qui avait rendu l’âme, j’aurais été carrément dans la marde. Surtout eu égard à mon niveau en mécanique et à mon outillage embarqué.
Ceci étant précisé, passer les vitesses en souplesse devint hautement compliqué.
Donc, c’est à environ 40/50 kilomètres de mon objectif Golf Romeo Alpha Alpha Lima – bref, mon Graal du moment – que patatras, le câble d’embrayage décide de prendre une retraite anticipée.
« Marde, mais komment ke j’vais faire ? »
Mon cerveau de Mac-Gyver ne fit qu’un tour :
« T’es jeune, t’es malin, t’as déjà changé un câble. T’as plus qu’à trouver un magasin de bricolage – parce qu’une concession KTM sur la route, c’est mort – puis tu bricoles »
Le truc compliqué, ça allait être d’arriver à la Roche-sur-Yon.
J’étais certain d’y trouver un magasin de bricolage. J’allais juste devoir passer les rapports en force d’ici-là ; et serrer les fesses à chaque arrêt, parce que repartir en première, après un stop, avec une 125 enduro, c’est assez sportif.
« M’en branle, même pas peur »
Pas le choix, surtout.
Conseil pour les aventuriers en herbe : avoir un câble de rechange, ça peut aider.
Autre conseil : veillez à avoir un câble adapté à vos besoins.
Après avoir probablement calé plusieurs fois, et bien gueulé – on ne se moque pas – j’arrivais enfin aux environs de la Roche-sur-Yon.
Trop fort le gazier.
Un magasin de bricolage me souriait béatement, un brin narquois.
Je trouve ce que je peux afin de me confectionner un ersatz de câble d’embrayage – genre un câble en acier, une tête de serrage.
Et bien sûr à l’aide de mon génie mécanique.
Mon œuvre est achevée, et opérationnelle.
Je repars (oué m’en branle de la concordance des temps, une fois encore – le style narratif va désormais être au présent, parce que nous entrons en plein cœur de l’intrigue ; puis il y aura des retours à l’imparfait. Parce que je le suis, imparfait) ; formidable, je peux débrayer / embrayer.
Super grave trop fort, le gazier.
5- L’Arrivée Triomphale
La route se poursuit (enfin pas toute seule : ma 125 KTM et moi – ainsi que la providence – étions responsables, en fait) sans incident majeur jusqu’aux Sables d’Olonne.
Objectif : Kennedy Beach
Ça claque comme nom, hein ?
Il s’agit en fait d’un nom de baptême donné par la communauté qui sévissait sur la plage sise en face de la Promenade Kennedy.
Kennedy Beach et son fameux rocher de la Baleine ; peut-être en parlerai-je plus un de ces jours.
Pourquoi Kennedy Beach et non pas directement la maison ?
Parce que je suis un héros, et qu’un héros mérite un accueil triomphal.
Merde koa.
J’avais surtout super envie de retrouver Gilles et Eric, mes frères additionnels, et une partie de ma famille, qui – j’en étais certain – était en train de se faire rôtir la couenne.
Tel un Alexandre le Grand chevauchant Bucéphale, j’arrivais en héros.
Je n’avais certes pas agrandi l’empire Perse ; mais j’avais un formidable Bucéphale. Et nous avions bien chevauché, ensemble.
Quel bonheur d’être attendu à la fin d’une aventure aussi épique…
C’était aussi l’heure du bilan relatif à mon état, et là, big surprise, indeed.
J’étais rincé : 450 bornes parcourues en 9 heures, sous le cagnard.
Le dos et le luc en vrac.
Et – là ça devient marrant : une paire de poignets cuivrés (couleur rouge vif, en fait).
Parti mal équipé (je parle donc de mon équipement de motard…), comme évoqué à l’occasion du paragraphe sur la préparation logistique, mon blouson en peau de zobby était remonté sous l’effet du vent lié à la vitesse intersidérale de mon Bucéphale fringant.
Donc une zone découverte de quelques centimètres de largeur – entre les gants et le blouson ainsi remonté – était restée offerte à la morsure du soleil claquant de juillet 1986.
Durant environ 9 heures. Soit plus longtemps que le temps de cuisson d’un gigot de 7 heures.
Ces bracelets cuivrés ont d’ailleurs beaucoup, mais alors beaucoup fait rire Gilles et Eric lorsqu’ils les ont aperçus.
Je crois que j’ai conservé ces « bracelets cuivrés » durant 6 mois à un an.
Et ai « bouffé » un tube de Biafine™ durant les 48 heures qui ont suivi immédiatement le constat de cette décoration originale.
Parlant de décoration, cette marque résiduelle devint une espèce de décoration honorifique, de cicatrice de baroudeur.
Cicatrice qui avait donc beaucoup fait rire Gilles et Eric.
Mon fidèle couteau dit « cran d’arrêt » s’en était quant à lui allé vivre une autre vie durant le périple : je l’avais perdu en cours de route.
Et Bucéphale, dans tout cela ?
Ma 125 KTM, mon Bucéphale, était fatiguée, elle aussi.
Mais elle avait fait le plus important : elle m’avait mené à bon port, et même à bonne plage, sans broncher.
Et avec un fun carrément jubilatoire, malgré des péripéties – somme toutes très limitées.
Malgré mon immense modestie, je dois avouer que ce bel hommage qui a été rendu à ma personne chevauchant ma fidèle monture me va droit au cœur.
Grâce à une subvention de Maman & Papa – merci encore, j’ai passé un été fabuleux – supers fiers que le petit dernier ait au son bac – je ne vais pas vous mentir, personne n’avait misé un kopeck sur moi – j’ai pu lui offrir une seconde jeunesse :
- Remplacement d’un stator fendu – diagnostic clinique de mon frère Jean-Loup, et remplacement par ses soins – merci frangin.
- Un pneu hardcross – parce que c’était bien adapté à mon utilisation pas ultra conventionnelle de Bucéphale : l’asphalte.
- Et pour finir un vrai câble d’embrayage d’origine.
Bucéphale, ainsi revigoré, a continué à faire des merveilles.
Et du wheeling, mais chut, c’est finalement très con d’en faire sur la voie publique, oublie cette mauvaise habitude !
6- Ce qu’il me reste de cette virée
Un heureux souvenir, en premier lieu.
La sensation d’avoir fait quelque chose d’un peu barré (rapport à mon Bucéphale), également.
Puis les éclats de rire d’Eric. Son rire inoubliable qui reste gravé dans nos mémoires et nos cœurs.
Une aventure mineure en regard de celles que vivent les aventuriers célèbres ou non, les héros des Comics ou ceux du quotidien.
Peu importe, celle-ci, c’est une des miennes, et elle m’a marqué.
Au point de la relater aujourd’hui sur Ride Your Life.
7- L’Aventure c’est l’Aventure | Bonus tracks
Parce que le titre de ce billet évoque celui d’un film : « L’Aventure c’est l’Aventure ».
Un magnifique film d’un réalisateur dont j’apprécie beaucoup les films – Claude Lelouch – et un casting de rêve.
Ah ben forcément 😀
L’Aventure, c’est l’Aventure, et « on s’en fout de la distance »
Parce que ce le billet « Aventure en Moto : on s’en fout de la distance » a été écrit bien après celui-ci, et que ce qui y est écrit dévoile mes motivations à écrire cet ride à la fois dérisoire et tellement important à mes yeux, en son temps.
L’Aventure, c’est l’Aventure, what else?!
Bisous mes Loulous 🙂
Olivier
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Illustration principale : Image par Noel Bauza de Pixabay
Vidéos et Musique : Youtube et les ayants droit
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KTM ainsi que toutes les marques éventuellement citées sont des marques déposées
Extrait modifié de texte de la chanson « Il Venait d’avoir 18 ans » de Dalida
Gilles, mon frérot d’amour, pour m’avoir rappelé que c’était un modèle à refroidissement liquide…
Sources Documentaires :
https://www.ktmaddict.fr/viewtopic.php?id=4143
Merci à Laurent et à ses camarades : j’ai longtemps recherché une photographie libre de droits & gratuite de ma Bucéphale chérie !
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