Airport de The Motors
17 février 2023Alors que, dans les années 1960, Richard Anthony nous chantait une rupture sur fond d’une gare et d’un train sifflant qui emmenait sa chérie loin de ses yeux (et donc de son cœur), un groupe britannique classifié « pub rock et je ne sais quoi encore » (c’est fascinant les genres et sous-genres musicaux, t’as l’impression que ça a été calqué sur la classification scientifique des espèces) situait la tragédie des adieux déchnirants dans un aéroport.
Oui, aujourd’hui, nous allons nous attarder sur la chanson Airport du groupe britannique The Motors, sortie en 1978.
Motors ! Euh… Moteur !
SOMMAIRE :
1- La Chanson
3- La première chanson des années 1980
Conseil de la rédaction : prends un cachet d’aspirine avant de lire ce chapitre. Mais c’est beau, tu vas voir.
4- Le groupe The Motors
The Motors et Bill Baxter sont dans un bateau chez Virgin.
Cékiki tombe à l’eau ?
5- Bonus track
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1- La Chanson
« Oh, mais ça sonne tellement années 1980… »
2- De quoi qu’ça cause ?
Mais voyons donc… De l’un des sujets de prédilection du monde de la chanson : d’une rupture amoureuse !
Les autres sujets d’intérêt semblant être l’état amoureux (non rupté), la came (« Il est beau, le résultat / Je fais rien que des bêtises » chantait quelques années plus tard Sabine Paturel), le cul ou encore le pognon.
L’histoire résumée est donc celle d’un jeune homme qui emmène sa chérie à l’aéroport (bien serviable qu’il est) alors qu’elle vient de le plaquer, même qu’il porte ses valoches qui sont si lourdes, puis il la voit s’envoler vers de nouveaux horizons.
Et la vilaine, que fait-elle ? Elle sourit !
Il y a de jolis passages emplis de double sens, par exemple :
« Well, I help her with her baggage for her baggage is so heavy » | « Je l’aide à porter ses bagages, qui pour elle sont si lourds ».
Le double sens, bien entendu, c’est celui-ci : la lourdeur physique et newtonienne supposée des valoches, mais également la lourdeur (psychologique) de la décision prise. Franchement, c’est beau, nan ?
Fin’ bon, voilà le truc, elle n’a pas écouté la plainte larmoyante d’un Jacques Brel qui lui aurait chanté « Ne me quitte pas » ; elle se casse, et va aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs : « Where the weather is much better and the food is so much cheaper » | « Où le temps est plus agréable, et la nourriture tellement moins chère ».
Joli texte, fort bien chanté et mis en musique, et p’tite larme solidaire en pensant à l’amoureux éconduit.
3- « Airport » de The Motors : la première chanson des années 1980
Ah ben oui alors.
Qui a dit cela ? Moi. J’t’explique ma version.
C’est quoi donc la musique des années 1980 ?
Il s’agit de la musique qui a été produite dans les années 1980.
Artisani de la qualita et voilà.
Bien entendu, cette réponse aussi simpliste qu’emplie de vérité cache la réponse courante à une autre question : « qu’est-ce qui caractérise la musique des années 1980 ? ». Et la réponse simpliste à cette question est : « les synthétiseurs ».
Alors oui, la musique des années 1980 est une résultante de deux phénomènes : l’histoire de la musique conjuguée au progrès technologique (ça c’est pour l’instrumentarium) ET le contexte politico-économico-machin de not’ planète (ça c’est pour une part importante des thématiques).
Avec 25 ans de rock’n’roll à coups de guitare / basse / batterie et de piano, voire, soyons fous, d’orchestrations plus ambitieuses / couillues – avec du ou des violon(s), pourquoi pas de la bombarde ou du triangle – puis d’électrisation des instruments (guitares – oui encore elles, contrebasses devenues basses – enfin « guitares-basses » pour les vioques, batteries) et même d’ajout d’instruments électroniques.
Concernant ceux-ci, même si les premiers sont apparus au début du XXème siècle, disons que dans la musique populaire et notamment pop-rock, leur intégration remonte aux années 1960 ( voir / écouter, surtout, « Runaway » de Del Shannon, puis ultérieurement « Good Vibrations » de The Beach Boys, pour ne citer que 2 exemples fameux)/ Puis sont venus les premiers synthétiseurs analogiques, dès la fin des années 1960, et enfin les synthétiseurs numériques courant des années 1970. Alors oui, dans les années 1980, les gars ils utilisaient les instruments disponibles, y compris les plus frais d’entre eux. Bien vu, Inspecteur Captain Obvious.
Mais limiter la production musicale des années 1980 à la seule utilisation des synthétiseurs est juste une ânerie. C’est comme si tu disais que de nos jours, ben les gens ils utilisent des smartphones pour téléphoner. Nan mais franchement, j’te jure…
Donc oui, une fois encore, il y avait des synthés dans nooooombre de morceaux, et oui, cela a pu forger un son, mais tout cela s’est fait dans une continuité. Y a pas eu un genre de saut quantique dans le cadre de l’évolution de la production musicale.
Alors j’en conviens, le fait que le groupe The Korgis ait émergé à la même époque, forcément, ça fait penser aux synthés Korg. Oui, oui, et re-oui.
En fait, derrière cette… envolée (?), il y a cette anecdote >>
C’est précisément pour cette raison que…
… « Airport » est la première chanson des années 1980. Parce qu’elle laisse préfigurer de ce qui va être un phénomène marquant des années 1980 : de la musique jouée avec les instruments disponibles à cette époque. Truc de ouf’…
Les gaziers, ils ont ajouté du clavier / synthé, sur la base d’une p’tain de ligne de basse que l’immense Bob Babbitt (rien à voir avec la fratrie fictive composée de Charlie et Raymond dans le film « Rain Man », oublie cela de suite, petit chenapan) lui-même n’aurait pas reniée, nom d’une pipe. Et avec guitare / batterie / piano. La logique de l’évolution du genre hominus musicus.
Dans la même lignée (des premières chansons des années 1980 (sorties avant 1980 – en toute logique), tu peux ajouter le « Video Killed the Radio Star » de The Buggles et même « Making Plans for Nigel » de XTC, un genre de groupe fusion mods / post-punk / rock’n’grolles.
Voilà, je pense avoir été parfaitement clair et t’avoir magistralement expliqué de manière assez chaotique en quoi cette chanson est la première des années 1980.
Je suis donc mûr pour devenir PPG.
4- Le groupe The Motors
Je cite l’ami Wiki :
« The Motors est un groupe de pub rock britannique formé à Londres en 1977 par Nick Garvey et Andy McMaster, anciens membres de Ducks Deluxe, accompagnés du guitariste Rob Hendry (remplacé dès mai 1977 par Bram Tchaikovsky) et du batteur Ricky Slaughter »
– Source : Wikipedia / https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Motors –
Ça, c’est pour le pédigrée.
Oui, il m’arrive d’être un gros ramier qui n’a pas envie de réécrire les biographies. Surtout quand c’est aussi bien fait, avec amour, emphase, concision et des termes tels que « pub rock ».
Pub rock, arena rock, pignole rock…
Arrêtons-nous un moment – pour la gloire et pour le fun – au genre susnommé, le « pub rock », et dans un premier temps, faisons appel un fois encore à Wiki (oui, c’est le retour du ramier) :
« Le pub rock est un genre de musique rock apparu au début et au milieu des années 1970 au Royaume-Uni. Il se présente comme une réponse au rock progressif et au glam rock. À ses débuts, les concerts de pub rock se donnaient de préférence dans les petits pubs et les clubs plutôt que dans les grands stades ».
– Source : Wikipedia | https://fr.wikipedia.org/wiki/Arena_rock –
Alors la mention faite aux stades nous renvoie à l’arena rock, tu comprends…
Ah bah merdalor, The Beatles, c’était un groupe de pub rock (ben oui, ils ont débuté dans des pubs du côté de Liverpool et ensuite de Hambourg, la mère patrie du hamburger) devenu groupe d’arena rock (ils ont notamment joué au Shea Stadium)…
En même temps, il y a un genre de logique : avant de jouer au Stade de France, tu joues dans des bars, des MJC, voire au mariage de ta cousine. P’tain oui, c’est terriblement cohérent et compréhensible comme truc.
Alors toute cette branlette de zoologues de la musique, moi, ça me fascine.
Des débuts prometteurs
Z’ont commencé fort les p’tits gars : in the Marquee Club pour leur premier concert.
Franchement, il y a plus pourrave pour démarrer en fanfare.
Au niveau des disques et des ventes, ça pourrait presque sembler plus compliqué, mais en fait, non. Si le premier album n’a pas affolé les charts, Airport est tirée de leur second album – « Approved by The Motors » – et ça fonctionne plutôt pas mal, notamment… dans le plus beau pays du monde, j’ai nommé la France (numéro 5 en France / numéro 4 in the UK, pour un peu c’était la pétée infligée à la perfide Albion, z’ont eu chaud aux fesses, tiens). Oui mon loulou, chez nous, tout est souvent foufou.
Le single suivant – Forget About You – a bien fonctionné, mais moins qu’Airport. Ça n’est pas Noël tous les jours.
Le groupe est finalement dissout en 1980, après un changement partiel du line-up. Moteur grippé, puis serré.
Ainsi en est-il de certains groupes. Les Stones, eux aussi passés par The Marquee Club, ça fait 60 ans qu’ils tournent, mais dans leur cas, c’est normal, il y a « Rolling » dans leur blaze, ça ne pouvait que rouler.
Même si franchement, ça fait pas loin de 50 ans qu’ils n’ont rien produit qui m’ait fait bouger une oreille avec extase.
De The Motors à Bill Baxter
Il n’y a qu’un pas, que je vais franchir… de ce pas.
Maintenant que nous avons vu le pédigrée et la classification branlette, passons au point qui m’intéresse, et par ricochet, va t’intéresser, car je te sens avide de potins.
Figure-toi que le groupe avait signé chez Virgin Records. Dans les couloirs de ce temple de la musique des années 1970 / 1980, Nick Garvey – chanteur de The Motors – va croiser la route pédestre de p’tits gars de chez nous, originaires de Sceaux mais pas sots pour deux ronds, à savoir les Bill Baxter.
Nan mais sérieux, c’est pas du potin de première classe, ça ?
5- Bonus track
Comme énoncé en introduction, « Airport », c’est en quelque sorte une version dans le ciel de « J’Entends Siffler le Train ».
Alors je te propose de nous tourner un moment vers les étoiles avec ce cover de 1986 par un artiste d’exception dont je te causerai juste après (et au sein de l’article de notre Éphéméride consacré au 12 février -il n’est pas encore en ligne).
Voilà presque 2 ans jour pour jour que Guy Criaki s’en est allé. C’était le 12 février 2021.
Sa disparition n’a pas fait grand bruit dans les médias. Ainsi soit-il.
Pourtant, c’était un chanteur absolument extraordinaire, avec une tessiture qui rappelait celle de Daniel Balavoine (il avait même fait des covers de plusieurs de ses chansons). Doublé d’un excellent guitariste.
Bisous mes Loulous 🙂
Will – the best coyote in the country
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Illustration principale : Image par Elena We de Pixabay
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Sources documentaires :
Wikipedia
Notes rédactionnelles & mises à jour :
Article mis à jour le 13/03/2023 (ALPC).
SÉLECTION MUSIQUE :
AUTEUR(S) DE L’ARTICLE :
- Scatman de Scatman John - 13 juin 2023
- Prisencolinensinainciusol d’Adriano Celentano - 12 juin 2023
- Svalutation d’Adriano Celentano - 12 juin 2023
Ah la la… que de souvenirs sur cette chanson de légende.
Cela méritait bien un bel article, merci. 🙂
The Motors, inoubliable !
Bises
Hey Patrick,
Techniquement, je walide à donf’. D’ailleurs, une très grosse partie de la production musicale des années 1960 à 1980, voire à nos jours, c’est de la pop’. En Français, ça s’appelle de la variété.
Après, sur un plan plus simpliste, ma zone de confort, c’est la musique qui m’intéresse, pas les étiquettes. C’est pareil pour la bouffe.
N’empêche, je trouve la ligne de basse de « Airport » bien jouissive.
Bises 🙂
J’ai toujours trouvé étonnant que The Motors soient estampillés Pub Rock. Ok, formés par deux ex des Ducks Deluxe qui eux étaient bien dans la mouvance des Feelgood et Cie mais quand même. Le premier album à la rigueur et en cherchant bien, mais sinon il s’agit bien de pop – bien faite – années 80. J’dis ça, j’dis rien!