Road to Nowhere de Talking Heads
8 septembre 2022Malgré le titre de cette chanson – Road to Nowhere – c’est la trilogie Bruce Springsteen publiée ces derniers jours sur RYL qui m’a amené à me remémorer cette chanson de Talking Heads, groupe majeur s’il en fut. Même si la mémoire collective est souvent défaillante et ingrate.
Je répare donc cela en consacrant cet article à Talking Heads, ses membres fondateurs et ce que je qualifie de leur galaxie, qui n’en finit pas de scintiller.
Punaise, c’est beau, j’vais chouiner, tiens.
SOMMAIRE :
1- Le clip officiel
Légèrement barré.
2- De quoi qu’ça cause ?
Du fait que nous allons droit dans le mur, mais que tout est sous contrôle, sois rassuré(e).
3- David Byrne & Co
Parce qu’il y a toute une galaxie qui gravite autour de ses membres fondateurs.
4- Version live
Avec la charmante St. Vincent, ce qui ne gâte rien.
5- Bonus tracks
Avec St. Vincent, Tom Tom Club, et même Mariah Carey.
Une galaxie, j’te dis.
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Surtout, fais-toi plaisir ! Et à nous également, par la même occasion 🙂
1- Road to Nowhere | Le clip officiel
Comment ça le clip est chelou ?
En le revoyant, certains passages m’ont étrangement rappelé le clip de Sledgehammer de Peter Gabriel. J’étais tellement fier de ma trouvaille que je m’apprêtais à filer éditer l’article Wikipedia consacré à la chanson. Et là, patatras, il se trouve que c’est explicitement indiqué ici >>
Et merde, durant quelques instants, j’ai cru que j’étais génial. Mais quelle cruelle désillusion.
Ceci étant dit, si tu te demandes si David Byrne et ses copains consommaient trop de champis, je n’ai pas la réponse à la question, mais je puis simplement attester du fait qu’ils étaient très créatifs.
Ceci dit, en remontant encore plus loin dans les archives de la musique pop-rock, tu peux trouver des précédents assez champignonesques, par exemple au sein de cet excellent article (comme d’hab’) publié par mon ami Patrick au sein de son non moins excellent Black Bonnie :
J’sais pas à quoi ils carburaient les gaziers, mais si y a du rab’, j’suis preneur.
Passons au texte de la chanson, sans détour.
2- Road to Nowhere | De quoi qu’ça cause ?
Je vais te faire une confidence : parfois, je me dis que je m’inflige des explications de texte – qui n’engagent que moi (n’ayant pas été oint par l’onguent de la science infuse) – et me dis « à quoi bon ? »
En fait, il y a deux raisons : la première, c’est que j’aime bien tenter de comprendre ce que l’auteur d’une chanson a bien voulu nous dire (et que même si souvent certains auteurs disent qu’ils empilent des mots au hasard, je n’en crois rien), et la seconde, c’est précisément par respect pour ces auteurs et leur travail.
À titre d’anecdote, j’ai lu récemment sur un forum quelque chose qui m’a laissé perplexe.
Quelqu’un posait une question par rapport à la signification d’une chanson, et l’un des intervenants lui a répondu quelque chose comme « ah ouais, tu t’intéresses aux paroles des chansons toi ? C’est idiot, l’important c’est la musique, mais bon, si tu as du temps à perdre… ».
Et après, certains se demandent pourquoi le monde part en vrille…
Cela dit, ceci est une parfaite illustration de l’adage « Quand on a rien à dire, on ferait mieux de fermer sa gueule » (dixit Coluche, prenant ainsi le contrepied d’une punchline de Michel Audiard).
Et puis ça fera plaisir aux auteurs reconnus tels que Bob Dylan ou encore Eminem (champion du monde de la diversité du champ lexical avec plus de 8 000 mots recensés contre – de mémoire – environ 2 000 pour Bob Dylan).
Alors certes, tu peux réciter le dictionnaire ou tout du moins une partie de celui-ci sans que ça ait beaucoup de sens, mais dans le cas d’Eminem, ça serait être un cuistre que de dire cela.
Donc, je pars à l’exploration du texte de la chanson du jour – Road to Nowhere (au cas où je t’aurais quelque peu égaré(e)).
Un texte légèrement ironique (si peu…)
« Well, we know where we’re goin’
But we don’t know where we’ve been
And we know what we’re knowin’
But we can’t say what we’ve seen »
Bien bien… Nous savons où nous allons, mais nous ne savons pas d’où nous venons… Et nous savons ce que nous savons, mais ne sommes pas capables de dire ce que nous avons vu (et retenu)… Bref, nous ne savons rien. Je sais, je sais, chantait jadis le grand Jean Gabin.
Mon Dieu David, serais-tu taquin ?
« They can tell you what to do
But they’ll make a fool of you
And it’s all right, baby it’s all right »
Ah oui, ils nous disent quoi faire, mais ils nous prennent pour des cons ?
Merdalors. Mais où vas-tu chercher tout cela, David ?
La chanson date donc de 1985, et relire ce texte en 2022 me fait dire que David Byrne avait été assez clairvoyant quant à la direction que prenait notre société.
Sommairement, le texte de la chanson ne constitue nullement un empilement de punchlines sans queue ni tête, mais une vision assez lucide de la marche de notre monde. La fuite en avant qui ne fait que dissimuler (assez cyniquement) une route vers nulle part, mais t’inquiète, tout est sous contrôle, puis si tu as des doutes, nous te proposerons quelques diversions.
Et nous t’expliquerons qui sont les gentils et les méchants, parce que c’est bien connu, rien n’est plus adapté à l’explication des nuances de gris que d’avoir une vision manichéenne du monde.
Oups, j’me suis emporté…
Tout cela mis en musique joyeusement, histoire de faire passer la pilule.
3- David Byrne & Co
Talking Heads canal historique, c’était David Byrne (guitare et chant), Tina Weymouth à la basse, Chris Frantz à la batterie et Jerry Harrison qui assurait la gratouille et les claviers.
Sans aucunement vouloir minimiser le travail de Jerry, l’essentiel de la créativité et de l’attractivité du groupe reposait sur le trio David / Tina / Chris.
Ces trois-là se sont rencontrés durant leurs études (ça me fait penser à London Grammar, tiens) au sein de la RISD – non, ça n’est pas le nom d’une puce électronique, c’est un acronyme pour Rhode Island School of Design.
Au début, ce sont David et Chris qui ont joué ensemble. Tina était la chérie de Chris, et les deux lascars en quête d’un(e) bassiste lui ont demandé de se convertir de la guitare à la basse (ben oui, pourquoi se faire iech à passer une annonce ?), et là, paf, ce sont les vrais débuts de Talking Heads.
Si tu souhaites une bio plus étoffée du groupe, c’est déjà fait au sein de l’article de Wikipedia consacré au groupe.
Pour ce qui me concerne, je m’intéresse notamment à l’aspect legacy du groupe, qui me semble étendu.
Je vais donc te proposer au sein des chapitres suivants quelques exemples de l’héritage laissé par les membres de Talking Heads, et tu vas voir que ça commence à faire du monde.
Avant cela, je te propose d’écouter leur premier tube – Psycho Killer – avec une version live issue du Old Grey Whistle Test :
Au passage, cet extrait permet de confirmer que Tina Weymouth n’était pas là pour la décoration.
4- Road to Nowhere | David Byrne, St. Vincent + brass band façon Fanfare du Belgistan (live)
« Merci, very much ». Elle est tout de même soooo soooo cute, la Anne Erin « Annie » Clark (AKA St. Vincent) 🙂
Donc, version live que j’ai choisie parmi plusieurs, déjà parce qu’il y a pour accompagner David Byrne la jolie & talentueuse St. Vincent et une fanfare qui me fait penser – ayant peu de références en la matière – à la Fanfare du Belgistan (si si ça existe), et que le tout donne un résultat tout à fait raccord avec l’idée que j’ai de David Byrne.
St. Vincent, je l’ai découverte il y a peu à l’occasion de l’édition 2022 du Festival de Glastonbury (sur Youtube, j’suis bien trop pauvre, je n’ai pas les moyens d’aller sur place) et j’ai tout de suite été happé voire hypnotisé par cette artiste.
Et je conviens bien volontiers du fait que sa plastique avantageuse fait partie des nombreux critères qui me font l’apprécier, et je conviens également volontiers du fait que cet argument est assez… nan rien, j’suis un esthète, et on ne se refait pas, surtout à mon âge.
J’en cause plus – vidéos à l’appui – au sein des bonus tracks.
Youpi, c’est juste après.
5- Bonus tracks
St. Vincent
(bénie soit-elle)
N’étant jamais un rat qui te cause de choses que tu ne verras pas, voilà un extrait de l’un de ses concerts de 2015 (donc ça n’était pas à Glastonbury, mais à San Francisco) :
La talentueuse guitariste chanteuse auteur-compositeur (c’est moche au féminin) a adopté ce pseudonyme non pas en vue d’être canonisée (cela dit, ça ne tiendrait qu’à moi…) mais plutôt en référence à une ligne d’une chanson de Nick Cave ainsi qu’à l’une de ses arrière-gands-mères – ça c’était la rubrique potins & faits divers.
Certains s’étonnent / s’offusquent / se fouettent les fesses en commentant ses chorégraphies.
Moi j’m’en fous, enfin j’veux dire que ça ne me pose pas de soucis, et j’imagine que sa collaboration avec David Byrne – connu pour avoir une gestuelle (surtout sur scène) assez… personnelle – n’est pas totalement étrangère à cela.
Sinon, un p’tit gars a eu l’heureuse idée de faire une compilation (avec un titre tonitruant) des passages de ce concert durant lesquels St. Vincent use de saturation sur sa guitare, et ça donne ceci :
Pour ma part, j’apprécie. Ce n’est pas le cas de nombreux commentateurs, dont certains doivent se fouetter le fion en écoutant du Satriani.
Alors justement, si tu as lu mon article sur Cortez the Killer de Neil Young (si tu ne l’as pas fait, ben fais-le, ça va changer ta vie), tu peux légitimement te dire que je suis d’une mauvaise foi patentée, vu la tartine que j’ai passée sur Joe la pignole. J’assume totalement, et pour ma défense, Joe la branlette s’est rendu coupable de blasphème en massacrant un morceau d’anthologie, alors que St. Vincent fait ce qu’elle veut de ses propres œuvres.
Je ne saurais te dire pourquoi, mais certains passages m’ont fait penser à Prince, notamment à sa prestation à Tokyo sur Purple Rain, que tu peux savourer ici (je crois que celle-ci date de 1988).
Un autre point commun entre St. Vincent et Prince – plus évident (j’veux dire non inspiré par mes connexions neuronales aléatoires) – est qu’ils sont tous les deux multi-instrumentistes et enregistrent leurs albums seuls comme des grands. Qu’ils sont. Forever and ever pour ce qui concerne Prince (pour St. Vincent, time will tell, mais c’est bien parti).
Fin’ bref, je voulais te causer de la miss. C’est fait.
Passons aux acolytes de David Byrne du temps de Talking Heads.
Tina Weymouth et Chris Frantz et leur Tom Tom Club
Alors oui, collaborer plusieurs années avec David Byrne, ça laisse des traces au niveau de la scène (voir vers 4m35s).
Et si tu n’assimiles pas la musique dite RnB à une MST, tu te dis peut-être « mais bon sang, ça me rappelle quelque chose… ».
Mais bon sang, tu as raison.
Mariah Carey s’est largement inspirée de cette chanson pour créer son titre Fantasy. Elle en a même carrément repompé certains passages.
La preuve en musique :
Je te sens potentiellement circonspect(e), te disant « mais on cause de Talking Heads ici ou d’une anthologie tronquée de la musique pop ? »…
Les deux, en fait.
Nous sommes partis de Talking Heads, des aventures solos issues du split du groupe, avec David Byrne d’un côté, et Tina Weymouth et Chris Frantz de l’autre, et d’une partie de leur héritage.
Parce qu’en tant que justicier autoproclamé, je trouve bien dommage que ce groupe et les musiciens qui le composaient ne soient pas aussi souvent cités qu’ils le mériteraient.
Alors oui, les gens qui me connaissent m’appellent plus souvent Zozo que Zorro, mais j’suis justicier tout de même.
C’est également l’occasion de rappeler que pour ce qui concerne la musique comme le reste, nous sommes tous reliés.
De nombreux artistes en ont inspiré d’autres encore plus nombreux, et ces artistes influents ont eux-même été inspirés par d’autres encore. Tout n’est que recréation, parce que l’école est finie, mais oui mais oui, et que les genres musicaux ne sont que des cases bien réductrices qui cachent cette vérité incontournable.
Nous nous retrouvons bientôt notamment pour causer de Kate Bush – la magicienne du son – l’une des influences citées par St. Vincent (avec David Bowie, ce qui confirme son bon goût, et encore, j’te parle pas de son bon goût en matière de femmes, j’crois que j’ai sensiblement les mêmes).
Bisous mes chéris 🙂
Olivier
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Illustration principale : Image par Faik Nagiyev de Pixabay
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Talking Heads | Road to Nowhere | Auteur : David Byrne
Sources documentaires :
Wikipedia
Notes rédactionnelles & mises à jour :
Article mis à jour le 21/01/2023 (CG-RYL-2023).
Article mis à jour le 21/12/2022 (Norme RYL-12-2022 + corrections).
SÉLECTION MUSIQUE :
AUTEUR(S) DE L’ARTICLE :
- Scatman de Scatman John - 13 juin 2023
- Prisencolinensinainciusol d’Adriano Celentano - 12 juin 2023
- Svalutation d’Adriano Celentano - 12 juin 2023
VOTES | PARTAGES | COMMENTAIRES :
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